La Collection
Lumière sur dix de nos plus belles œuvres.
Georges BRAQUE (1882 – 1963)
Oiseau en vol, 1962
Huile sur toile, 38,1×55 cm
n°inv. : 86.1.17
Donation Pierre André Benoit, 1986
Une relation forte lie PAB et Braque à partir de 1951. 22 livres réalisés à compter de cette date jusqu’à la mort du peintre en témoignent, de même que les œuvres acquises par PAB pour sa collection.
Le thème de l’oiseau domine dans les choix de l’éditeur alésien : on le retrouve dans L’Oiseau en vol. Figuratif et poétique à la fois, cet oiseau en plein vol semble néanmoins statique. Tout en épaisseur et dans un camaïeu de violet, il exprime sobriété, pesanteur, sans l’élan habituel caractéristique aux oiseaux en vol.
La série des oiseaux est l’une des dernières de Georges Braque. Ce motif cher au peintre revient, comme une citation amicale, dans les éléments de décor conçus par PAB pour le musée et dans nombre de ses œuvres peintes ou gravées.
Nicolaas WARB (1906 – 1957)
Composition, 1939
Huile sur bois enduit, 50×49,7 cm
n°inv. 86.1.203
Donation Pierre André Benoit, 1986
Sophie Warburg, connue sous le pseudonyme de Nicolaas Warb, est une artiste peintre d’origine hollandaise. Établie à Paris, elle a réalisé de nombreuses œuvres rattachées à l’abstraction géométrique. Les formes colorées qu’elle crée flottent dans des espaces indéterminés. Inspirées notamment par Mondrian, ses constructions ne sont pas seulement de singulières architectures projetées, mais elles témoignent aussi de la quête d’harmonie et de paix intérieure que mène l’artiste à travers sa pratique picturale.
Léopold SURVAGE (1879 – 1968)
Feuilles et maisons, 1927
Huile sur toile, 45,8×55 cm
n°inv. 86.1.178
Donation Pierre André Benoit, 1986
Né à Moscou d’un père finlandais et d’une mère danoise, Léopold Survage fait ses études à l’école des Beaux-arts de Moscou ; il s’installe à Paris en 1909 et est naturalisé français en 1927. Il occupe une place importante dans le mouvement cubiste, comme le rappelle cette œuvre. Un de ses projets les plus marquants est le film d’animation Rythmes colorés de 1920 qui le place parmi les premiers artistes abstraits et les pionniers du cinéma couleurs.
PAB et Survage collaborent à plusieurs reprises dans les années 1950 dans différents livres, notamment des hommages à l’artiste et relieuse Rose Adler.
Gianni BERTINI (1928 – 2010)
Attentat à Niliphoros, 1956
Huile sur toile,
99,5×73 cm
n° inv. 86.1.7
Donation Pierre André Benoit, 1986
Gianni Bertini, né en Italie en 1928, produit des œuvres abstraites à partir de 1947. Dans les années 1960, il interroge les liens entre l’art et les procédés mécaniques de reproduction, notamment en procédant à des reports photographiques sur toile ; il est l’un des fondateurs du courant mec’art apparu en 1963.
Gianni Bertini explore de nombreux médiums : peintures, sculptures. Il collabore également avec PAB avec qui il réalise plusieurs livres à partir de 1959.
Les références à la culture antique ou à l’histoire de l’art sont fréquentes dans ses œuvres comme le rappelle cette toile : Attentat à Nikiphoros. Nikiphoros Lytras est un peintre grec du XIXe siècle ; il traite dans un style académique des scènes de la vie quotidienne ou des portraits. Givanni Bertini illustre dans ce tableau sa volonté de rupture avec l’art figuratif.
Camille BRYEN (1907 – 1977)
Vert d’eau (n°513), 1968
Huile sur toile, 27,5×22,5 cm
n°inv. 86.1.41
Donation Pierre André Benoit, 1986
Originaire de Nantes, Camille Bryen s’installe au milieu des années 1920 à Paris où il écrit et peint dans l’entourage des surréalistes. À partir de 1948, il s’oriente vers l’abstraction lyrique, avec des couleurs d’abord violentes, puis plus pâles. Poète, il est également un excellent graveur.
Ce tableau est représentatif du travail du peintre apprécié par PAB. En effet, à partir de 1950 Pierre André Benoit, sous l’influence de Michel Seuphor, abandonne progressivement les artistes figuratifs pour se tourner vers des œuvres abstraites. Il goûte en particulier l’abstraction lyrique ou ce qu’on appelle également l’expressionnisme abstrait, qui s’oppose à la rigueur de l’abstraction géométrique. Le geste et la couleur y sont libres et délicats, l’émotion sensible, comme dans les œuvres de Camille Bryen qui combinent harmonieusement des tâches géométriques irrégulières.
Camille CLAUDEL (1864 – 1943)
Étude pour l’Hamadryade
Bronze, 22,3x14x12,5 cm
n°inv. 86.1.50
Donation Pierre André Benoit, 1986
Ce petit bronze de Camille Claudel reflète le goût de PAB pour l’art du XIXe siècle et la sculpture. PAB connaît le frère de l’artiste, l’écrivain Paul Claudel, il acquiert cette pièce bien avant le retour sur le devant de la scène de la sculptrice.
Le destin de Camille Claudel est marqué par sa passion pour le sculpteur Auguste Rodin et son internement long de 30 ans jusqu’à sa mort en 1943. Comme souvent dans ses sculptures, Camille Claudel traite d’un sujet issu de la mythologie antique. Les hamadryades sont des nymphes qui sont liées à un arbre en particulier, si celui-ci est abattu, la divinité meurt avec lui.
Pablo Picasso (1881 – 1973)
Meurs, illustration d’un poème de P. A. Benoit, 1960
Gravure sue celluloïd sur papier 3×4 cm
n°inv. 86.1.136
Donation Pierre André Benoit, 1986
Picasso en plus d’être connu pour ses peintures, ses collages et ses céramiques, est aussi un graveur fécond et prolixe. Il travaille avec les grands éditeurs du XXe siècle : Maeght, Iliazd, Tériade et PAB. Avec ce dernier, entre 1956 et 1966, il réalise 17 livres.
Ce qui séduit Picasso chez PAB c’est sa conception simple du livre d’artiste, sa rapidité d’exécution, la variété des formats mais aussi la technique de la gravure sur celluloïd, c’est-à-dire sur plastique, un matériau pauvre mais bien plus facile à graver que le métal. A plusieurs reprises, PAB retrouve Picasso aux arènes de Nîmes pour des corridas. La corrida est un sujet récurant dans l’œuvre de Picasso qu’il reprend notamment pour cette illustration du livre Meurs édité par PAB en 1960. À cette occasion, PAB lui fait signer les petits ouvrages réalisés en commun avec des textes de René Char, de René Crevel, de Tristan Tzara ou bien encore de lui-même.
Francis Picabia (1879 – 1953)
Symbole, 1950
Huile sur toile, 61×50 cm
n°inv. 86.1.97
Donation Pierre André Benoit, 1986
Francis Picabia est un artiste déroutant : impressionniste, puis fauve, il passe par l’abstraction, Dada, le cubisme puis diverses phases figuratives comme les Monstres ou les Transparences. Le seul fil conducteur dans ses recherches semble être la rupture : chaque œuvre est une avancée, qui permet de passer aussitôt à la suivante.
La fin de sa vie est marquée par un retour à l’abstraction sous l’influence de Michel Seuphor qui permet la rencontre avec PAB en 1949 avec qui il réalise de nombreux livres en tant qu’artiste mais aussi auteur. PAB apprécie particulièrement la dernière période picturale de Picabia, dans laquelle le motif du point prend de plus en plus d’importance jusqu’à devenir l’unique sujet du tableau. Il sera d’ailleurs un des derniers soutiens et acheteurs de l’artiste.
Jean ARP (1886 – 1966)
Fruit préadamite, 1938
Plâtre, 22,9x29x32 cm
n°inv. 86.1.5
Donation Pierre André Benoit, 1986
Jean Arp est un peintre, sculpteur et poète français né en Alsace alors que celle-ci est encore allemande. Il participe au mouvement Dada dès sa création en 1916 à Zurich avec Tristan Tzara et Hugo Ball avant de se rapprocher de certains constructivistes qu’il rencontre dans les années 1920. Il s’associe aux surréalistes en 1926 avant d’adhérer à « Cercle-Carré », un mouvement qui le rapproche de l’abstraction.
Jean Art est surtout célèbre pour ses reliefs et ses sculptures en plâtre, comme le Fruit préadamite. Toutes en courbes, ses œuvres biomorphes combinent plusieurs images souvent issues du monde naturel.
Pierre Alechinsky (né en 1927)
Arbre de reconnaissance, 1992
Acrylique sur papier marouflé sur toile, 137×75 cm
n°inv. 97.9.3
Achat du musée avec l’aide du FRAM Languedoc-Roussillon, 1997
Pierre Alechinsky est né en 1927 à Bruxelles. Il apprend l’illustration, les techniques de l’imprimerie et la photographie très jeune. Il est l’un des membres du mouvement COBRA.
Pierre Alechinsky collabore avec de nombreux poètes pour créer des livres d’artiste. À partir de la fin des années 1970, il utilise presque exclusivement du papier comme support qu’il maroufle ensuite sur toile. Ce matériau noble et fragile à la fois le fascine. Il aime détourner des papiers étrangers à l’art pour les « recycler » dans ses créations, comme ces lettres manuscrites placer en bas de sa composition. Il redonne vie à ces papiers oubliés et périmés et s’en sert de tremplins et de liant à la fois.
Certains motifs chers à Alechinsky se retrouvent dans ce tableau notamment celui de l’arbre ; ainsi que les remarques marginales, bordures illustrées créant des liens historiés entre le tableau et le monde réel offrant ainsi une autre lecture possible à la forme du tableau traditionnel. Notons que l’artiste est également passionné par la calligraphie japonaise, référence que l’on retrouve l’encre de chine.